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23 juin 2009 2 23 /06 /juin /2009 18:20
La Fédération du Nord du MRC - Articles

congrs_de_versaillesEn réalité, la substantifique moelle du discours de Nicolas Sarkozy se situait dans sa première phrase: "Nous vivons dans une démocratie apaisée où tout le monde s'écoute". Sauf que lui, il s'en va! Ce sont les autres qui doivent écouter et se contenter d'un "débat" qui n'en est pas un. Les limites de l'exercice sont très rapidement atteintes. Car  cette contradiction structurait l'intervention du chef de l'Etat

Une intervention dans laquelle on sent clairement l'influence d'Henri Guaino, le conseiller spécial du Président. Une première partie dans laquelle bien des républicains en général et des hommes et des femmes de gauche en particulier peuvent se retrouver. Le rappel au volontarisme de l'Etat, à la force de la République ou encore à la volonté de mettre en avant "le récit national", ce qui "fait France", rencontrent chez nous un certain écho.

 

  1. "On ne sait pas quand la crise finira". Il a raison, d'autant plus que le CAC 40 recule encore et approche la barre des 3000 points. 190.000 emplois ont été détruits en France au premier trimestre 2009 et que le déficit public file vers 7,5% et dans ce domaine il ne convient pas de faire le moindre triomphalisme, notamment après la gestion catastrophique du début de la crise par le gouvernement.
  2. "Le modèle français a à nouveau sa chance". Et oui, le modèle républicain montre une fois de plus sa solidité et sa pertinence. La référence au CNR (Comité National de la Résistance)  et aux "Trente Glorieuses" sont  les bienvenues. Tout comme l'expression de "Renaissance Française". On a même pu croire à un début d'autocritique quand le chef de l'Etat évoquait le fait que "nous avions trop écouté" ceux qui prônent le modèle néo-libéral. Car aujourd'hui "les Français réclament de la Justice, de la régulation, de la protection" C'est vrai.
  3. "Pourquoi une telle distance entre nos idéaux et la réalité, la crise jouant le rôle d'un puissant révélateur de nos faiblesses". Et le Président de se placer à juste titre, sur le plan des grands principes de la République. L'Egalité contre l'égalitarisme, le modèle républicain d'intégration contre les critères éthniques mais sociaux pour la promotion de tous avec de bonnes idées comme les internats d'excellence, la laïcité qui n'est pas le refus de la religion mais la neutralité et le respect et d'évoquer longuement Jules Ferry avant de faire comprendre son opposition à la Burka (point de vue que je partage totalement). La Liberté et la Sécurité qui vont ensemble, ce qui est vrai là aussi.
  4. La nécessité de mettre en place une vraie "politique d'investissement pour soutenir les grands projets stratégiques d'importance nationale". "Car une France sans usines et sans ouvriers est une idée folle". C'est encore vrai, et cela doit faire plaisir à Mr Serge Tchuruk, patron d'ALCATEL qui a fusionné avec LUCENT et qui déclarait "rêver d'usines sans ouvriers" pour transformer tout cela en cauchemar industriel. Et de se lancer dans une vaste explication sur "les bonnes et les mauvaises dépenses, le bon et le mauvais déficit". Pour ce faire lancer un "grand emprunt" qui doit permettre de poursuivre les réformes engagées.
  5. Car,"nous serons au rendez-vous des réformes, pour sortir des contradictions dans lesquelles nous nous sommes enfermées".

Or ces contradictions, qu'elles sont-elles?

Le chef de l'Etat est beaucoup plus flou sur ce point. Il égrène alors la liste des réformes engagées depuis sa prise de fonction. La fin des "régimes spéciaux", le non remplacement d'un fonctionnaire sur deux, le "bouclier fiscal", la refonte de notre outil de Défense (sans parler de la réintégration dans le commandement intégré de l'OTAN), la reconnaissance mutuelle par la France et le Vatican de tous les diplômes au nom du processus de Bologne (engagement pour construire un espace européen de l'enseignement supérieur avant 2010) sur la reconnaissance des diplômes étrangers, ce qui est une atteinte sans précédent au principe de laïcité (ce dont il ne parle pas). Pour le travail, il estime qu'il doit être justement rémunéré, il a raison, mais comment? En demandant aux actionnaires d'en laisser une petite part aux salariés? Quand dans le même temps on impose les politiques européennes qui portent une responsabilité écrasante dans la situation actuelle? Comment faire pour réduire la Liberté à de simples règles d'encadrement du capitalisme car dans le même temps on impose le Traité de Lisbonne qui sanctuarise la liberté totale des mouvements des capitaux au sein de l'Union Européenne et en dehors. Comment parler de protection et de sécurité en procédant à des coupes sombres dans les services publics, en poursuivant les privatisations (La Poste), en détruisant la fonction publique territoriale.

"L'Europe doit changer" dit-il, c'est vrai. Depuis 20 ans nous le disons. Mais là encore il y a les mots et la réalité. Elle doit changer pour rester la même. Elle doit même tellement changer que le chef de l'Etat soutient Mr Baroso, le Président sortant de la Commission! Elle doit tellement changer qu'il n'en dit pas un mot devant les parlementaires. Les élections européennes viennent d'avoir lieu: 60% d'abstention: pas un mot sur ce refus de vote des Français, "l'Europe doit changer". Mystères et boules de gomme. Comprenne qui pourra.

Les Français sont de plus en plus rétifs au formatage libéral qui s'impose à eux via notamment les politiques d'intégrations européennes. Ce qui ne veut pas dire qu'ils sont hostiles au changement, certainement pas. Mais la difficulté politique est rendue plus grande par la crise profonde de l'identité nationale que traverse notre pays.  Cette crise de l'identité nationale se greffe naturellement sur une crise de la citoyenneté et une crise sociale. Ce qui renvoie directement à tous les discours sur les discriminations.

Or pour parvenir à mettre en place ces politiques libérales, qui sont la réalité de la vraie vie, il faut un minimum de soutien populaire pour éviter toute rupture du corps social. La question du "récit national" devient ici fondamentale et avec elle la place d'Henri Guaino. Parce qu'elle vise à déconnecter la question sociale (au sens de force politique d'émancipation au service de la Liberté)  de la question nationale. Faut-il rappeler qu'Henri Guaino est l'auteur d'un petit livre écrit en 2000 qui s'intitule "L'étrange renoncement". Que la France renoue avec elle même, avec son histoire, qu'elle cesse de s'empoisonner dans la perpétuelle repentance, est bien sûr une excellente chose car c'est une condition de l'existence même de notre peuple en tant que peuple politique. Mais la question sociale a un rapport essentiel avec les projets politiques d'émancipation et de ruptures avec les forces qui aliénent. Forces du capital, de domination sociale ou culturelle, force politique. Or le président de la République a t-il évoqué ces points dans son intervention d'hier. Bien sûr que non. Le grand défi de la gauche sera de proposer un projet politique au peuple français, qui soit un projet républicain d'émancipation et de libération des liens ténus qui entravent les hommes et les femmes.

Le chef de l'Etat a t-il fixé une telle perspective? Pas à ma connaissance.

 

Claude NICOLET

Premier secrétaire du MRC Nord

Secrétaire national

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