Nicolas Sarkozy répondrait-il à la définition que Diderot donnait du syncrétiste dans l’Encyclopédie… un habile pacificateur cherchant à faire concorder les vérités les plus contraires et se contentant d’à peu près et d’emprunts multiples mal étayés ?
Dans le discours qu’il a prononcé hier dans les Ardennes, et qui s’inscrit dans la lignée des propos tenus précédemment à Agen ( 22 juin 2006) et Périgueux ( 12 octobre ), le président de l’UMP s’emploie plus que jamais à jouer sur deux registres, libéral et social, mettant d’autant plus l’insistance sur le second qualificatif qu’il lui est contesté par la gauche et que Jean-Louis Borloo , Dominique de Villepin ou Michèle Alliot-Marie prétendent s’en emparer.
Dès lors Nicolas Sarkozy , inspiré par la plume d’ Henri Guaino , ne répugne pas à emprunter idées vocabulaire et expressions autant à Philippe Séguin qu’à Lionel Jospin , autant à Jacques Chirac qu’à Ségolène Royal dans un melting pot qui, pour dérouter l’observateur est supposé néanmoins séduire l’électeur.
Cette France qui souffre à laquelle veut parler Nicolas Sarkozy est celle-là même que souhaite entendre et écouter Ségolène Royal.
La dénonciation que Nicolas Sarkozy fait de la « capitulation sociale » n’est rien d’autre que le refus de la « fracture sociale » affiché par Jacques Chirac en 1995.
Le candidat n’hésite pas à promettre, s’il est élu, que « d’ici à deux ans plus personne ne sera obligé de dormir sur le trottoir et d’y mourir de froid » à la manière dont Lionel Jospin , en 1995… puis en 2002 jurait qu’avec lui « la France ne compterait plus un seul SDF » !
Le président de l’UMP, jadis champion du franc fort, dénonce aujourd’hui l’euro surévalué et la Banque Centrale Européenne avec les accents du national Républicain Philippe Séguin.
En écho à Jacques Chirac qui, il y a douze ans, proclamait « que la feuille d’emploi n’était pas l’ennemi de l’emploi » le candidat de l’UMP déclare aujourd’hui que « le salaire n’est pas l’ennemi de l’emploi » !
Si Nicolas Sarkozy se voulait aujourd’hui critique de son propre discours, il lui suffirait de reprendre ce que lui-même, ancien disciple du libéral Edouard Balladur écrivait du programme élaboré par Philippe Séguin et Jacques Chirac en 1998 dans son livre Libre ( Éd. Robert Laffont 2001).: « Voulant rassembler, le texte recelait de fameuses contradictions idéologiques, Il avait du souffle, mais en plusieurs occasions, notamment sur l’Europe et la place de l’État dans la société, il n’échappait pas à certaines incohérences […] Cette tentative programmatique, à force de concilier l’inconciliable, perdait en force et surtout en lisibilité ».